quarta-feira, outubro 13, 2004

in TOLERÂNCIA

No passado dia 6 de Junho a Mairie de Bègles, em França, celebrou um casório entre um casal gay. Receberam 4.000 cartas de protesto que deram origem a um livro. Aqui fica no tícia do Le Monde.

Un rugbyman publie les courriers d'insultes adressés à Noël Mamère après l'union homosexuelle de Bègles

LE MONDE 12.10.04 13h47

"Donner à voir" l'homophobie. Brutalement, telle qu'elle s'exprime tous les jours. Serge Simon, ancien international de rugby et proche de Noël Mamère, a vécu en direct ce vent de violence verbale, lors de la cérémonie médiatisée de mariage d'un couple homosexuel le 6 juin à Bègles (Gironde), où le député Verts est maire.

Il a retrouvé cette "haine inouïe" dans les messages des opposants au mariage, aperçus par hasard sur un bureau de la mairie. Des courriers adressés à M. Mamère, alignant crûment insultes, propos graveleux et humiliants. Un dîner entre amis, "la quarantaine bobo", a achevé de convaincre M. Simon que l'homophobie n'était pas l'apanage des skinheads ou des intégristes, mais se vivait aussi tranquillement, chez les "gens bien".

L'ancien international de rugby s'est plongé dans les quelque 4 000 messages reçus par l'élu. Le résultat se lit dans un album : Homophobie 2004 France reproduit en fac-similé lettres, fax, dessins et photos envoyés par des correspondants anonymes (ou anonymisés), venant de tous horizons politiques et de toutes classes sociales.

L'ouvrage s'ouvre sur des messages où la prose fasciste s'assume. S'affichant avec force croix gammées et références nazies : "Voilà trois PD que Hitler, s'il était encore là, aurait passé par la cheminée", proclame l'un, en marge d'une photo montrant le couple au côté du maire. Un autre s'est illustré par un graphisme en escargot pour décliner, autour d'une croix celtique, les qualificatifs dont il gratifie "Monsieur le Maire, Mamaire", fautes d'orthographes comprises : "pédé, enculé, deculé, debité, salopart, abrutis, connard". Mais ces missives d'extrême droite sont peu nombreuses.

La plupart sont celles de M. ou Mme Tout-le-Monde. Certains jouent sur le registre scatologique. Une feuille de papier toilette rose est ainsi offerte pour que l'élu "se nettoie l'anus après sodomisation des mariés du 6 juin". Une autre a assorti sa lettre d'excréments humains.
Quelques rédacteurs ont tenté l'humour de vestiaires. L'un présente un calendrier de rugby à Bègles - "ville de pédés en France" - pour la saison 2004-2005, annonçant des matches "Bayonne-pédé", "pédé-Brives", "Agen-pédé". Un autre interroge : "Savez-vous lequel des deux va enculer l'autre ?" Plusieurs demandent une cérémonie zoophile pour les marier à leur "chienne Mirza" ou à leur "petite chèvre".

Certains préfèrent se targuer d'une sympathie passée. "Je vous ai côtoyé il y a longtemps, vous êtes sympathique", explique l'expéditeur d'une carte postale pour mieux asséner son verdict : "Homo, c'est contre nature, c'est anormal, c'est grave, c'est une maladie psychique."
Des électeurs Verts se démarquent tout aussi violemment de l'initiative de l'élu. "Dorénavant, je voterai autrement, car vous êtes tous des PD, des tapettes et des dépravés. Les animaux sont dix fois plus intelligents que les homosexuels. (...) Est-ce que vous avez vu un mâle lion enculer un autre mâle lion ?", interroge un courrier écrit sur des lignes préalablement tirées au crayon. Un autre, plus direct, lâche : "Viens me voir et baisse ton froc, salope, dégueu."
A la lecture de certains courriers, on comprend la peur qui a pu s'installer parmi les collaborateurs de M. Mamère. "Je prépare un gros godemiché pour toi, en fil barbelé", prévient l'un. "Si tu oses marier deux pédés, c'est toi que nous enculerons vivant", assène un second. "A mon avis, un 22 LR long rifle serait plus efficace que la menace de Raffarin", écrit un correspondant du Puy-de-Dôme.

Une haine que le rugbyman veut dénoncer. "J'ai découvert un phénomène d'éructation que j'étais loin d'imaginer. J'ai voulu rendre cette haine visible et tenter de faire baisser le seuil de tolérance à l'homophobie quotidienne."
Sylvia Zappi

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 13.10.04

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