quinta-feira, setembro 16, 2004

Coisas de economia - Estratégia e centros de decisão

O governo francês é um dos que na Europa tem maior tradição de intervenção na esfera económica. Portugal também. Aliás, parece-me que todos têm. Mas enquanto uns intervêm seguindo uma estratégia, outros nem por isso. Deixo-vos ficar o editorial do Le Monde de hoje sobre "A lição da Renault".

La leçon de Renault

L'éditorial du Monde
LE MONDE 15.09.04 13h11

En ces temps de craintes pour l'emploi et de franco-pessimisme, il est des bonnes nouvelles. Après PSA Peugeot Citroën, qui a annoncé son intention d'embaucher 7 000 personnes en France en 2004, Renault vient de lancer une campagne pour recruter 10 000 salariés dont 5 000 en France, l'an prochain. Précision réjouissante au moment où le chômage frappe particulièrement les jeunes : le constructeur recherche 75 % de juniors ayant moins de trois ans d'expérience en leur promettant un CDI (contrat à durée indéterminée) et une formation tout au long de leur carrière.
Sans doute notera-t-on que les effectifs totaux en France de Renault ont régressé légèrement depuis trois ans et que le groupe était obligé d'embaucher pour faire face à de futurs départs massifs puisque 40 % de ses ouvriers et agents de maîtrise ont plus de 50 ans. Mais rien ne l'obligeait à embaucher autant en France. En fait, PSA et Renault préservent l'Hexagone comme siège central de conception, de recherche et de design tandis que leur internationalisation réussie les amène à produire les voitures sur toute la planète. Cette répartition permet de spécialiser la France dans les emplois des plus hautes qualifications, les moins délocalisables.

Si l'on cherche une industrie d'avenir pour le pays : la voilà. Alors que les deux constructeurs français traversaient de telles difficultés il y a vingt ans que leur existence même était remise en question, PSA et Renault ont su gérer la formidable mutation que cette industrie a connue en "réinventant" les voitures, les usines, les laboratoires. Aujourd'hui, les condamnés d'hier roulent devant. A l'inverse, Fiat a frôlé l'abîme, Volkswagen souffre et les Américains sont alourdis par l'archaïsme de leur management et une dette considérable. Les deux Français comptent, eux, parmi les meilleurs, avec les groupes japonais dont le remarquable renouveau éclaire le futur du Japon : Toyota, Honda et Nissan, qui doit son redressement à son actionnaire Renault.

Les recettes du succès français dans l'automobile méritent d'être méditées. Elles mêlent la stabilité du capital et la mobilité du travail. La stabilité de l'actionnariat (la famille Peugeot d'un côté et l'Etat français de l'autre) a permis aux directions de miser sur l'avenir et d'investir à long terme tandis que d'autres ont été soumises à la dictature du rendement financier. Les groupes ont su aussi ne pas disperser leurs forces dans des diversifications hors de l'automobile. Le mouvement c'est celui, nécessaire, de l'évolution rapide des process industriels, des effectifs, des usines.

Cette révolution ne s'est pas faite sans mal – on se souvient de la fermeture de Vilvorde –, mais, précisément, cette adaptation à marche forcée paie aujourd'hui : l'automobile française a été sauvée, du moins jusqu'ici. Peugeot et Renault ont démontré que, dans un monde qui accélère, la France ne peut sauvegarder ses emplois que dans le mouvement.

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 16.09.04